Voyage au Népal: article paru dans l' « abeille de France »
Abeilles de l'Himalaya
L'apiculture Népalaise moderne est une apiculture jeune, seulement 20 ans. Le précédent roi Birendra au cours d'un voyage en Israël a visité un centre d'élevage et de sélection d'apis mellifera . De retour dans son pays il décida de moderniser les techniques apicoles Népalaises. L'apis mellifica fut introduite ainsi que les ruches à cadre, un centre de formation fut créé à Katmandou et un autre à Pokara.
Il existe 5 espèces d'abeilles exploitées au Népal.
Les bheer mauris, l'apis dorsata ou laboriosa: les abeilles géantes des chasseurs de miel présentes dans certaines zones de falaises au dessous de 2000 m d'altitude .Cette abeille bâti un rayon unique en forme de demi-lune pouvant atteindre un mètre cinquante de diamètre. Elle est exploitée mais n'a jamais été domestiquée malgré les essais d'apiculteurs de plusieurs nationalités.
Les nids souvent inaccessibles sont récoltés par les villageois souvent au péril de leur vie. Dans certains sites la récolte a lieu 2 fois par an : en avril pour le miel de rhododendrons qui atteignent 10 mètres de haut dans ces contrées et une autre au mois de décembre.
La falaise la plus spectaculaire se situe à Kodari à la frontière du Tibet on pouvait compter 41 colonies le jour de ma visite. Dans le sud, le Térail, les dorsata bâtissent leur rayon sur les arbres.
L'apis mellifera après son grand succès dans les années 90 a été décimée en grande partie par le varroa. La grande majorité des apiculteurs n'ont pas accès aux produits de traitements. Certains continuent son élevage avec plus ou moins de succès. Il semblerait qu'une certaine résistance au varroa soit effective, je n'en ai pas observé sur des colonies non traitées depuis plusieurs années.
La race exploitée est la ligustica d'une douceur incroyable. Toutes les ruches que j'ai visité ont été ouvertes sans fumée et sans protection aucune. Les ruches sont souvent placées au bord des sentiers ou dans les rues à la portée des passants sans que cela pose de problème.
L'apis cérana, (cérana mauri) est la plus répandue dans tout le pays , on la trouve en plaine comme en montagne jusqu'à 4500m (ce sont sûrement les abeilles les plus hautes du monde), dans les murs ou sur les toits des maisons. Petite production familiale souvent de 1 à 5 ruches vivant en toute harmonie avec les animaux et les hommes.
Pas d'agressivité chez cette petite abeille, elle résiste aux maladies et au varroa. Elle peut produire 20 kg de miel pour les ruches modernes de plus en plus nombreuses et seulement de 5 à 6 kg pour les ruches traditionnelles (troncs d'arbres creux horizontaux) ce qui n'est pas si mal pour un élevage qui ne demande aucun entretien.
Les mélipones sont aussi présentes au Népal, souvent pillées dans les branches des arbres. J'ai pu visiter un essai d'élevage au centre du golf royal. Il existe une autre espèce que les Népalais appellent, katauri mauri elle vit dans la terre, la destruction de son nid peut rapporter 1kg de miel utilisé en pharmacie traditionnelle.
L'apiculture Népalaise est pleine d'avenir, on trouve plusieurs fabricants de ruches, à Pokara ou dans la vallée de Katmandou, un fabricant d'extracteurs et enfumoirs à Katmandou. Le dynamique centre de formation beekeeping development section de Godawari près de Katmandou forme efficacement les élèves aux techniques modernes.
Emile Molès.