La communication chez les abeilles est très élaborée et a fait l'objet de nombreuses études. Elle permet la cohésion de la ruche, la reconnaissance entre individus, la diffusion des alertes, mais également le repérage des sources de nourriture, d'eau, de résines, ou des emplacements possibles d'implantation.
Elle est basée sur les échanges tactiles à l'aide des antennes, sur des messagers chimiques appelés phéromones, et sur un comportement remarquable: les danses des abeilles.
Les phéromones:
Ouvrières diffusant un message de regroupement Après l'ouverture de la ruche, certaines abeilles battent le rappel: ailes en action pour diffuser la phéromone et abdomen relevé. On aperçoit une tache blanchâtre (flèches) entre les deux derniers anneaux de l'abdomen (les "tergites"): c'est la glande de Nasanov, produisant le messager chimique. @ Le Musée du Miel
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Les phéromones sont des substances chimiques émises par chacun des membres de la ruche: la reine, les ouvrières, les mâles et même le couvain. Ces substances sont de véritables messages qui conditionnent les comportements au sein de la colonie.
Il est facile d'observer les ouvrières émettant une phéromone de regroupement, tête basse et abdomen relevé, après que la ruche ai été dérangée ou au cours de l'essaimage.
Les phéromones de la reine jouent également un rôle de cohésion primordial. Par exemple, si la ruche est trop populeuse, ou si la reine est affaiblie, vieillit, ou meurt, ses phéromones n'atteignent plus la périphérie de la ruche: c'est ainsi que l'on explique le démarrage de la construction de cellules royales et l'élevage de nouvelles reines. La jeune reine palliera au départ de la reine partie essaimer ou la remplacera si celle-ci s'avère défaillante.
Le saviez-vous?Les danses des abeilles ont étés décrites dès la fin du XVIII
ième siècle, mais ce n'est qu'au XX
ième siècle que l'éthologue
Karl Von Frisch propose une explication rationnelle partielle. Ses découvertes lui ont valu le
prix Nobel en 1973 en compagnie de Konrad Lorenz et Nikolaas Tinbergen.
La danse des abeilles
Ce mode de communication si particulier paraît presque incroyable. Il s'agit d'un langage abstrait, complexe et sophistiqué, permettant de transmettre une quantité considérable d'informations. Les abeilles s'en servent pour indiquer l'emplacement de sources de nourriture, d'un endroit favorable à l'implantation de la colonie, mais aussi de points d'eau ou de zones de récolte de résines pour la propolis.
Non seulement le lieu est situé précisément, mais des informations quantitatives et qualitatives sont fournies!
La danse en rond et la danse frétillante des abeilles:
Pour situer et caractériser une source de nourriture, deux danses sont possibles: la danse en rond pour les sources proches (quelques dizaines de mètres de la ruche) et la danse frétillante au-delà et jusqu'à plusieurs kilomètres.
La danse en rond L'abeille éclaireuse de retour à la ruche décrit des cercles: après un tour, revenu à son point de départ, elle fait demi-tour et reprend sa figure en sens inverse. Les suiveuses repèrent cette agitation et prennent des informations supplémentaires par l'odeur, le goût et la palpation au moyen de leurs antennes. La danseuse ne transmet pas d'informations de direction.
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La danse frétillante ou danse en huit L'abeille éclaireuse parcours un segment de droite tout en frétillant de l'abdomen et en bourdonnant des ailes. Elle revient rapidement à son point de départ par un demi-cercle, parcours de nouveau en frétillant la ligne droite puis revient par un demi-cercle symétrique au premier: elle décrit ainsi un "huit".
Le segment de ligne droite indique la direction de la source de nourriture par rapport au soleil: dans l'obscurité de la ruche, l'angle de ce segment avec la verticale (noté α) correspond à celui de l'axe ruche-soleil avec la direction à prendre.
La largeur du huit, la fréquence du frétillement, l'odeur, le goût et la palpation par les suiveuses sont autant de paramètres renseignant sur la nature, la qualité et la quantité de nourriture ainsi que la distance à parcourir. Les suiveuses récupèrent ainsi les informations avant de s'envoler hors de la ruche.
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Le décryptage de la danse frétillante des abeilles à permis de mettre en évidence leurs extraordinaires facultés.
Tout d'abord la précision de l'angle déterminé par la danseuse est remarquable, l'erreur n'excédant pas ± 3°. De plus, au cours de sa danse l'éclaireuse s'adapte à la course du soleil en modifiant l'angle présenté à ses congénères: elle tient compte du temps écoulé depuis le départ de la source de nourriture! De même les suiveuses s'adapteront au temps de parcours nécessaire: les abeille ont un sens inné du temps, elles possède une horloge biologique.
Cette horloge leur sert à évaluer la distance de la source puisque c'est un temps de vol qui est transmis, ce qui permet de compenser les obstacles et la topologie du terrain, ainsi que le sens et l'intensité du vent.
Leurs capacités d'abstraction sont impressionnantes également: la direction à prendre leur est transmise sur un plan vertical (celui du rayon de cire), elles le retranscrivent dans l'espace à la sortie de la ruche...
Si le soleil est masqué par les nuages, il leur suffit d'un coin de ciel bleu pour, à partir de la polarisation de la lumière solaire à laquelle elles sont sensibles, de reconstituer la position de l'astre et donc de s'orienter!
La danse du domicile ou danse de l'essaim
C'est un élève de Karl Von Frisch, au début années 1950 qui est l'origine du décryptage de ce comportement.
Au cours de l'essaimage, les abeilles se regroupent non-loin de la ruche en une grappe et se mettent à la recherche d'un nouveau domicile: plusieurs centaines d'éclaireuses sont envoyées en reconnaissance.
A leur retour, les éclaireuses se posent directement sur la grappe de l'essaim. Elles entament alors une danse calquée sur la danse frétillante.
Un chercheur américain, Thomas Seeley, a démontré que de nombreux critères de choix sont évalués et transmis:
- le volume de la cavité découverte
- son isolation thermique
- la taille de l'entrée
- la protection au vent
- la protection à l'humidité
- etc....
La durée et l'intensité de la danse est proportionnelle à l'intérêt estimé du site d'installation découvert. Les éclaireuses ainsi informées vont à leur tour inspecter le site potentiel. Le repérage peut ainsi durer plusieurs jours. Peut à peu, les sites d'intérêt moindre sont éliminés jusqu'à parvenir à un choix unique.
Le consensus est donc établie par les éclaireuses elles-même, puis c'est tout l'essaim qui reprend sa route et va s'établir à l'emplacement choisi.
Ce systême remarquable dans le monde du vivant de démocratie représentative, basé sur l'échange et la vérification d'informations, est donc à l'origine du choix du lieu d'implantation, fondamental pour la survie de la colonie toute entière.